Nous sommes en octobre 1943, au col de Teghime dans le sud du Cap Corse, entre Bastia et Saint-Florent. Devant nous, le cadre est magnifique, Bastia et la mer Tyrrhénienne à l’est, Saint-Florent et la mer Méditerranée à l’ouest.
Nous sommes le 1er octobre 1943 et la bataille fait rage pour libérer la Corse. Face à nous, l’ennemi, les allemands, appuyés de leur aviation alors que nous n’avons même pas de canons anti-char. Nous sommes seuls au sol, épuisés par deux semaines dans les maquis corses, affamés, les vêtements trempés, mais nous nous battons.
Nous combattons pendant trois jours et nous voyons nos frères d’armes mourir. Nous sommes si loin de chez nous mais nous n’abandonnerons pas, nous combattons pour la liberté. Il y a des blessés, des morts, nous nous planquons derrière les rochers, sans cesse en mouvement, pour ne pas finir sous les bombes de leurs avions.
Nous sommes le 3 octobre et nous sommes nombreux à être tombés, dont l’officier chrétien qui nous commandait. Il sera enterré avec nous au cimetière de Saint-Florent, frère d’arme jusque dans la tombe. Teghime est à nous. Grâce à l’arrivée des troupes alliées, les survivants marchent vers la liberté.
Nous sommes le 4 octobre et la Corse est le premier département français à être libéré. Nous sommes les goumiers marocains et nous sommes morts pour la France, nous avons donné nos vies au col de Teghime, nous y sommes célébrés. Là-haut, sur une stèle commémorative, l’histoire est gravée en deux langues, français et berbère. Tout à côté, il y a un canon de la Reichsfuhrer SS, un de ceux contre lesquels nous nous sommes battus, pour ne pas oublier.
A lire ici pour en savoir plus (avec vidéo-reportage) – En cas d’inexactitude historique, n’hésitez-pas à me le signaler en commentaires, j’ai beaucoup recherché et comparé les sources mais une erreur peut toujours arriver.
Visite réalisée dans le cadre d’un blogtrip organisé par Corsica Ferries, merci à eux pour cette découverte unique et émouvante.
10 comments
Je suis allé en Corse il y a quelques années et le souvenir que j’en ai est très différent de ces grandes étendues vertes. Je devrais peut-être y retourner pour découvrir cette Corse là!
C’est par des faits comme ceux que tu racontes qu’on se rend compte à quel point cette guerre était mondiale.
Des étendues vertes, on en a vu beaucoup, c’est vraiment une terre entre mer et montagne.
Et oui, c’est exactement ça, avant d’avoir fait cette visite, je ne me suis jamais interrogée sur la guerre mondiale en Corse, je ne savais même pas qu’elle pouvait avoir cette histoire-là !
En voilà un article comme je les aime. Simple et efficace. Un article qui raconte une tranche de vie (pas la plus agréable j’en conviens mais on leur doit tant!).
Une visite pour laquelle je ferais un détour le jour où je passe en Corse.
Merci pour ce rappel historique!
Merci pour ton commentaire, je suis contente que cet article te plaise ! Et oui, ce genre d’histoires est triste, mais le devoir de mémoire est important. Ils ont mérité qu’on se souvienne d’eux, qu’on raconte encore leur histoire dans des dizaines d’années, nous n’aurions sûrement pas le courage d’en faire autant…
Et en plus, le point de vue est super joli, donc c’est à faire 🙂
C’est vraiment beau la Corse, entre les paysages de montagnes et les plages, il y a de quoi faire. J’aimerais y retourner mais plutôt hors saison.
Oui, on y était en hors saison pour mai et franchement c’est le top, il fait déjà bon (quoique, ça aurait été pas mal d’attendre un mois de plus quand même), il n’y a pas trop de monde, tu es dans une destination de rêve sans les touristes avec, c’est vraiment chouette !
[…] voici le lien Ou un autre.. lien n°2 […]
Les berbères, un peuple fier courageux et digne. Merci a eux pour leur sacrifice inestimable
Mon Beau-père commandait ces valeureux hommes, qui ont toujours fait son admiration et qui a eu leur reconnaissance. Peu de gens savent que ce fut le premier département libéré, comme aussi la Corse a le droit au titre de » Juste » car aucun Juifs réfugiés n’a été dénoncé.Cette terre est belle et fière et mérite d’être connue.
Mo oncle était au col avec les goumiens ils se sont battus comme des lions pour aider les Corses à se libérer. Bravo aux braves.